« L’art suggestif est comme une irradiation des choses pour le rêve où s’achemine aussi la pensée. » Odilon Redon, À soi-même. Journal.

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Ne faut-il pas revenir à l’essentiel en montrant le chemin d’une peinture qui veut vivre au-delà des douleurs de l’enfantement de soi-même ? C’est pour moi construire sa vie que de vivre ainsi au milieu des pertes et des renoncements, et le pouvoir transformateur et résilient de la Lumière, à la fois dans son sens physique et métaphorique, au plus profond de son intimité.

Avec l’humilité du pèlerin, mes œuvres se veulent porteuses d’une identité spirituelle profonde qui révèle la profondeur du voyage intérieur que j’ai accompli aux confins du monde dans le silence et l'infini, là où l'inexprimable vient interroger sur ce que nous croyons encore fermement et objectivement comme vrai et permanent.

Une expérience de mort imminente à 33 ans m’a profondément marqué et a été un révélateur pour reconsidérer mes priorités dans la vie comme en peinture et explorer de nouvelles voies en orientant la construction d’une œuvre baignée depuis d’interrogations métaphysiques et qui approfondit l’exploration du lien entre l'homme, la nature et le divin, sacralisant l'espace et le temps.

Tout, dans mes œuvres, est en effet issu du sentiment que nous appartenons à un univers énigmatique merveilleux mais qui peut être perçu par l'esprit. C'est la singularité de mon travail et de mes recherches qui me conduisent à explorer les domaines aussi vastes que les variations de l’espace, de l’imaginaire et des formes possibles d’une autre réalité, à la lisière du réel, dessinant un au-delà des apparences, le paysage éclairé jusqu’au spirituel, une « Terre Promise » où le visible n'est qu'une partie de la réalité, et qu'une dimension invisible et spirituelle la traverse, sans pourtant épuiser son mystère ni se limiter à un sens univoque. Je crois que la forme porte en elle-même sa réponse arrachée à la confusion. Elle attend qu’on l’approche avec un œil nouveau pour en extraire le reflet, comprendre sa puissance symbolique qui fait se chevaucher le proche et le lointain, et nous permettre de reconnaître celle qui nous concerne et nous traverse. Débute alors un chemin dans une sorte de cosmologie personnelle qui s’ouvre sur un invisible lumineux, tant la Présence y est tangible, à condition que nous soyons poreux, disponibles, demandeurs, prieurs, témoins.

Ma démarche montre en quoi l'imaginaire comme philosophie d'observation du visible m'est en évidence le processus de la conscience créatrice comme franchissement des seuils du sujet qui se transmue par la lumière en rêve jusqu’à s’approcher du sens sacré des choses. L'harmonie plastique prend le pas sur la figuration représentative d'une réalité complexe qui se perd finalement dans l'éphémère, de sorte que s'opère une esthétique de l'indéterminé.

C’est une prière murmurée à l’invisible qui rend hommage à la rencontre profonde et lumineuse de l’homme avec la nature et le divin, dans sa dimension sacrée et religieuse au sens où la religion nous relie à ce qu’on ne saurait voir, à ce qui nous concerne en plus haut lieu.

Les symboles, comme les arbres et les montagnes mais aussi l’eau sous toutes ses formes (nuages, mers, sources, lacs…), forment alors des guides spirituels, et, miroirs de nos âmes, ils deviennent des figures d'identification personnelle, symboles du sacré, incarnant l'immanence du Divin.

La nature vaste et mystérieuse, bien plus qu’un simple sujet, devient alors une essence spirituelle et la bibliothèque intérieure de mon âme. En explorant de nouvelles façons de déconstruire et de reconstruire le réel, je peux développer une vision intuitive de la nature pour parvenir à en capturer les souffles immanents, qui modèlent les paysages de l’intérieur, toutes ces énergies invisibles qui donnent vie au paysage en suggérant le rapprochement entre le connu et l'inconnu, le visible et l'invisible, le tangible et l'intangible.

J’invite le spectateur à entrer dans ces lieux sacrés en allant au-delà des apparences sensibles. Tout est y « symboles ».Tant physique que métaphorique, la Lumière joue un rôle central en éclairant le chemin vers une réalité transcendée. Elle devient le fil conducteur d’une exploration intérieure en guidant l'âme vers des horizons infinis et silencieux, symbolisant la transformation, l'espoir et l'éternité. Chaque tableau devient une invitation à la transcendance, une méditation sur le temps, le mystère de l'existence et l'acceptation du destin.

Ce labyrinthe poétique, qui ouvre une réflexion sur la force énigmatique du surréel et le cours apparemment inéluctable des choses, constitue un acte de résistance symbolique cherchant à conserver à l'œuvre sa capacité de relier l'homme au monde et au sacré, l’épiphanie pour moi la plus intime de la Nature, celle d’une réalité transcendée mais qui pourtant nous apparaît si proche afin d’y célébrer une certaine image de l'osmose que nous pourrions avoir avec l'univers.

Dans ce terreau profond, je m’incline. Cherchant un écho à ma quête intérieure, un murmure d’éternité dans le silence du monde, je scrute un signe fragile d’espérance, tel un éclat de Lumière dans la nuit. Ce signe délicat, émerge des ténèbres, illuminant les sentiers obscurs de l’existence. C’est un flux de Lumière qui perce les nuages de doute et de désespoir, guidant l’âme vers des horizons plus vastes. Je transcende le temps linéaire, nous reliant à quelque chose de plus grand, de plus profond. C’est un sens qui dépasse les limites de notre compréhension terrestre, une invitation à contempler l’infini. Chaque pas sur le chemin de la vérité de notre existence est une quête, chaque souffle une prière. Et dans la simplicité de ce geste, je découvre que l’espérance est tissée dans la trame même de l’existence, comme un fil d’or qui relie le fini à l’infini.

L’exploration des différentes facettes de mon travail se concrétise au travers d’un voyage en deux temps que représentent ces deux galeries thématiques : "Franchissements : en ce qui est et ce qui mue ‘ et "Suites Célestes de l’Invisible et des Apparitions ». La première met l'accent sur les métamorphoses et les passages du silence, tandis que la seconde évoque l'Invisible, les Apparitions et le Sacré.

1- La nature, essence spirituelle : les franchissements ; entre ce qui est et ce qui mue 

  • Franchissement des seuils, suggérant le rapprochement des confins, le connu et l’inconnu, l’accessible et l’inaccessible, le tangible et l’intangible, le visible du matériel au spirituel.
  • Ce qui compte c'est le mouvement, la transformation, la métamorphose.
  • Interconnexion de toutes choses et unité fondamentale de l'univers.
  • Imaginaire pour transcender le réel entre ce qui est et ce qui mue : dissolution des frontières, fragmentation et recomposition de la réalité. Symboliser la libération des contraintes du monde matériel et connexion à une dimension transcendante. Accès à une perception modifiée de la réalité et du monde.
  • De l’ombre à la Lumière. De la matière à la Lumière jusqu’à l’éblouissement de la dissolution. Accès et franchissement des dernières limites du monde intelligible.
  • Transformation spirituelle, quête de sens et d'accomplissement : réflexion sur la fragilité et la temporalité de la vie et de l'existence. La place de l'homme dans l'univers.
  • Passages du silence. L’expression d’une « Terre Promise » immanente.

2- L'essence du sacré : les suites Célestes

  • Représentations de la spiritualité, de l’immanence, de la transcendance et de l'invisible.
  • Passerelle entre l'homme et le divin, voyage de l'âme et mémorial de l'au-delà.
  • « Apparitions » comme environnements éthérés et sensoriels. Moments de révélation, de prise de conscience ou de transformation.
  • Thèmes de la foi, de la quête spirituelle et de la connexion entre le physique et le spirituel.
  • Ascétisme et épure pour représenter l'humilité de la lumière et la pureté des lignes.
  • Spiritualisation de la dualité de l'ombre et de la lumière, principe immanent présent en toute chose.
  • Capture de la vitalité de la polarité ombre - lumière pour approfondir le lien profond au cosmos et à la finitude.
  • Peupler les ombres d’instants de Lumière portés jusqu’à l’Eternité.
  • Mémorial de la vie, la Lumière comme conscience, lien au monde, à l'histoire et aux racines, pour explorer les profondeurs de notre être.
  • Providence comme porte vers l'inconnu, une espérance de Lumière et de Rédemption.